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dakoro en marche

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Le conseil municipal

Organisation socio-politique et religieuse

1 Le pouvoir moderne

L’organisation politico administrative de Dakoro est à l’image de celle qui prévaut dans les autres collectivités territoriales du Burkina. Le territoire communal coïncide avec celui du département, à la tête duquel est nommé un préfet, dépositaire du pouvoir de l’Etat et responsable de la circonscription administrative. Les missions du préfet sont d’ordre administratif et concernent la représentation de l’autorité de l’Etat dans le département, l’établissement des documents de reconnaissance juridique, le règlement des conflits.

Conformément aux dispositifs du Code Général des Collectivités Territoriales, nombre d’aspects du travail administratif sont progressivement dévolu au Maire issu des élections d’Avril 2006. C’est le cas par exemple  de l’état civil.

L’exercice du pouvoir politique assumé par le nouvel organe est légitimé sur toute l’étendue du territoire communal. Chacun village est représenté par des conseillers au sein du Conseil Municipal qui se compose de 20 conseillers dont 4 femmes et 16 hommes comme suit :

CDP    : 5

CFD/B : 9

UPC    : 6

 2 Le pouvoir traditionnel

 

La gestion du pouvoir traditionnel est l’apanage du chef du village, des chefs de quartier,  des chefs de terre et des sages notables qui gèrent la vie socio-politique et coutumière des villages de la commune. La structure dirigeante comprend :

  • un chef de village qui détient le pouvoir traditionnel. Il gère la vie socio-politique du village, tranche les litiges et conflits sociaux locaux. Il sert d’interface entre l’administration et la population ;
  • les responsables de quartier : le plus âgé d’un quartier ou d’un hameau ou le premier à s’y installer, y est considéré comme le responsable. Ils sont l’interface entre le chef du village et la population du quartier. L’attribution et le retrait de la terre passe par eux ;
  • les chefs de terre (1 chef par quartier) qui jouissent d’un droit divin sur le terroir. Ils assument l’exécution des rites coutumiers relatifs au foncier. A cet effet, ils jouent le rôle de chefs coutumiers.

3 Gestion du foncier et l’accès à la terre

Le domaine foncier coutumier est du ressort du chef de quartier du village, mais chaque quartier possède son domaine foncier qui est géré par le chef de terre du quartier. Ces derniers peuvent octroyer et procéder au retrait des terres sans obligatoirement se référer au chef de terre du village.

La terre constitue un bien collectif et est redistribué entre les différentes familles qui constituent la société. Le principe de base est que « on ne peut refuser de donner la terre à qui veut la travailler pour se nourrir ». Les différences d’accès résident au niveau des démarches à entreprendre pour les différentes catégories sociales telles les autochtones, les migrants, les femmes. Le sacrifice coutumier sanctionnant l’exploitation de la terre peut aller du simple don de cola au sacrifice de poulet, selon le cas. La vente de terre est interdite par les coutumes, de même que la culture du champ le lundi.

L’accès à la terre se fait généralement par l’intermédiaire des hommes, à travers le système traditionnel de type patrilinéaire. Les terres sont généralement réparties entre les familles autochtones présentes et la succession se fait de père en fils.

Avec l’arrivée des migrants, un certain nombre de terres ont été octroyées à ces derniers qui, en retour, ont pu en octroyer à leurs femmes. Pour accéder à la terre, le migrant est obligé de se trouver un hôte autochtone (généralement un notable) qui sera son émissaire auprès du chef de terre concerné. Le chef de terre pourra céder la parcelle demandée directement, si celle-ci lui appartient ou s’adresser à celui qui en est le propriétaire.

Les femmes autochtones peuvent avoir des champs individuels. Mais d’une manière générale, celles-ci travaillent sur les terres de leurs maris. Pour avoir une parcelle, la femme s’adresse à son mari qui suit les différentes procédures indiquées et pourra ainsi la prêter à la femme pour ses cultures. Les champs des femmes sont généralement proches de champs familiaux. La carte suivante montre l’occupation des terres.

 

4 Types de conflits et leur mode de règlement

 

Les types de conflits rencontrés dans la commune rurale de Dakoro sont :

  • le conflit agriculteurs – éleveurs : il est le plus fréquent et lié au problème de piste à bétail ou le défrichement de zone de pâture ;
  • le conflit foncier : lorsque les enfants ou descendance d’un propriétaire terrien veulent retirer la terre qui avait été attribuée à un exploitant par leur ascendance ;
  • le conflit socio-politique : il est familial, récurent et lié au leadership. Il intervient généralement pour les successions de chefferie ou lorsqu’il s’agit de désigner un leader politique pour la commune.

Pour ce qui est du mode de règlement des conflits on distingue trois (3) cas de figure qui sont :

  • le règlement à l’amiable lorsque les parties en conflit arrivent à trouver un terrain d’entente, sans avoir recours à une autorité ;
  • le règlement au niveau local chez le chef du village ou chez le chef de terre selon la nature du conflit ;
  • le règlement par le tribunal départemental dirigé par le préfet (généralement, en cas de non résolution à l’amiable ou de contestation du verdict du chef traditionnel) qui tranche le litige conformément au droit moderne.

5 Principaux groupes ethniques

On note la présence de plusieurs groupes ethniques dans la commune rurale de Dakoro. Les senoufo, l’ethnie majoritaire représentent plus de 90% de la population. Ils sont les autochtones de la commune. Les autres groupes ethniques qui représentent le reste de la population sont principalement les dioulas, les peulhs, les mossis. Les langues couramment parlées sont le dioula et le senoufo.

Il y a une bonne cohésion sociale entre les groupes ethniques et la cohabitation entre les autochtones et les migrants sont au beau fixe. Les conflits ethniques sont quasi inexistants en dehors de ceux qui peuvent survenir entre agriculteurs et éleveurs peulhs.

6 Principales religions

Les principales religions pratiquées dans la commune sont : l’islam, le christianisme (protestants et catholiques) et l’animisme.

L’islam est la religion dominante car les musulmans sont très majoritaires. Il est pratiqué aussi bien par les autochtones que par les migrants. Ensuite, vient le christianisme (le protestantisme, le catholicisme) qui connaît  un nombre non négligeable d’adeptes.

Avec la domination des religions révélées, l’animisme pur est en voie de disparition. Il reste pratiqué de nos jours par les dépositaires des valeurs coutumières.

Les relations entre les différentes religions sont satisfaisantes, car les conflits entre religions différentes sont très rares. Mais, il peut exister des tensions ou des échauffourées entre adeptes d’une même confession religieuse (par exemple le désaccord sur le jour de la prière musulmane).

7 Rôle et place de la femme dans la commune

La femme joue un rôle très important dans la vie socioéconomique de la commune rurale de Dakoro. Elle assure la gestion du foyer et les travaux domestiques, aide son mari à l’éducation et la santé des enfants, contribue à l’alimentation de la famille et à la procréation et participe à la vie associative.

La place de la femme s’est améliorée progressivement, car elle est de plus en plus concertée dans la prise de décisions familiale et communautaire où sa participation aux activités est appréciable. Elle peut aussi accéder à la terre pour cultiver.

Dans la vie socioéconomique de la famille et de la commune, la femme mène un certain nombre d’activités parmi lesquelles, on peut citer :

  • les travaux champêtres en hivernage (champ personnel ou familial) ;
  • le petit l’élevage (bovins, caprins, volailles) ;
  • le petit commerce (vente de condiments, de céréale, la restauration, etc.) ;
  • les travaux de contre-saison (la production maraîchère).

Dans la perspective d’amélioration de leurs conditions de vie, les femmes de la commune se sont organisées en plusieurs associations ou groupements. La plupart de ces organisations atteignent ou dépassent une centaine de membres.

Mais, elles restent confrontées à un certain nombre de difficultés parmi lesquelles : l’insuffisance des points d’eau potable, les difficultés de mouture des graines à la meule, l’analphabétisme, le manque de moyen pour l’utilisation des produits phytosanitaires et des fertilisants chimiques, les difficiles conditions d’accès au microcrédit, la faiblesse des revenus, l’absence d’une structure de rencontre et de formation des femmes, la faible capacité d’accueil de la maternité.

8 Rôle et place des jeunes dans la commune

Les jeunes qui représentent la couche sociale majoritaire dans la commune rurale de Dakoro jouent un rôle capital dans la vie sociale, économique et culturelle de la commune. C’est eux qui animent les villages de la commune à travers les activités sportives, culturelles, et de mariages. En tant que bras valides de la société, la grande partie des travaux champêtres est assurée par eux ; ils mènent également des activités de commerce et d’artisanat.

Les jeunes participent aussi à la vie politique et associative de la commune à travers leur mobilisation lors des grandes manifestations communales. A cet effet, on peut noter l’existence d’une association de jeunes plus ou moins structurée dans chaque quartier de Dakoro. Aussi, les jeunes sont souvent organisés en association dans les villages.

Aux dires des jeunes, les associations de jeunes entretiennent de très bonnes relations, en témoignent les différentes invitations et le soutien mutuel lors des manifestations culturelles, sportives, et des cérémonies sociales. Des tensions ou malentendus qui surviennent rarement sont vite résolues par l’intervention des vieux.

Mais les jeunes rencontrent quelques difficultés dont il convient de souligner les plus importantes. Ce sont :

  • insuffisance d’activités de contre-saison, poussant ainsi certains jeunes à l’exode ;
  • le manque de financement pour les activités des jeunes ;
  • l’insuffisance d’eau de production par manque de retenue d’eau ;
  • le manque de terrain de sport et d’équipements sportifs ;
  • le manque de maison des jeunes ;
  • le manque de centre populaire et de loisirs ;
  • l’insuffisance d’équipements agricoles ;